Un an en PACES

Un an en PACES par Camille P., VP Tutorat de l'AEMB

chapitre 1 - premier semestre 

Et c’est parti pour trois mois de course effrénée! Tes premiers jours en PACES seront probablement riches en émotion. Il n’est pas toujours évident de s’habituer au gigantesques amphis, à l’ambiance des cours et à la pression qui se fait peu à peu sentir mais tu n’as pas le choix, il faut rentrer dans la danse. La principale difficulté de ce premier semestre réside en sa densité. Il s’agit d’ingurgiter une très grande quantité de connaissances en une courte durée. Il ne faut pas se faire avoir par l’emploi du temps assez peu chargé. En effet, la somme de travail augmente au fil du semestre, d’autant plus qu’il faut régulièrement réactiver ses connaissances et revoir chaque cours afin de ne pas oublier les détails sur lesquels tombent les questions du concours. Il est donc absolument nécessaire de trouver sa méthode et son rythme de travail dès les premières semaines car le temps passe extrêmement vite et on a vite fait de se réveiller à trois semaines du concours avec autant de retard que la ligne B du RER un jour de grève. Par ailleurs, il ne faut pas non plus que la motivation mène à foncer tête baissée et à s’épuiser trop rapidement, au risque de finir sur les patellae dès le mois de novembre. Non aux stimulants et aux nuits blanches, oui à une hygiène de vie aussi saine que possible.

Afin d’adapter sa méthode de travail, il est essentiel d’en tester l’efficacité en s’évaluant, notamment grâce aux annales et aux colles proposées par le tutorat. Si les résultats ne sont pas concluants, il est nécessaire d’accepter aussitôt de se remettre en question et de se mettre à travailler différemment, ou davantage. L’essentiel est de réagir le plus tôt possible et de trouver son rythme de croisière idéalement dès le mois d’octobre car il n’est pas non plus judicieux de changer de méthode de travail toutes les cinq minutes jusqu’au jour du concours. Si tu es perdu et que tu ne sais pas comment travailler, n’hésite pas à demander conseil aux tuteurs ou à ton parrain. 


Pendant le premier semestre, tous les PACES sans distinction suivent le même programme et préparent les mêmes épreuves, quelque soit la filière envisagée. Le tronc commun est constitué de quatre unités d’enseignement:


• L’UE1, à base de chimie et de biochimie, est généralement considérée comme la plus difficile et sélective du semestre. La maîtriser est une tâche ardue qui nécessite une bonne mémoire mais également une compréhension des mécanismes étudiés.
  
  
• L’UE2 est composée de biologie cellulaire, d’histologie et de biologie de la reproduction. La difficulté de cette matière réside principalement dans l'impressionnante quantité de détails à retenir et dans la formulation quelque peu «vicieuse» des items des QCM. Le but du jeu est de connaître tous ses cours sur le bout des doigts et de ne pas tomber dans les pièges le jour du concours.
  
  
• La première partie de l’UE3 met à l’honneur la physique et biophysique. Le concours mêle à la fois questions de cours et applications numériques, il faut donc se préparer à ces deux types d’exercices et s’astreindre à un entraînement régulier.
  
  
• La première partie de l’UE7 est basée sur l’acquisition d’un socle de notions de culture générale en matière d’humanités (sociologie, psychologie, droit, économie). A l’instar de l’UE2, l’apprentissage repose sur le par coeur même s’il est davantage question de retenir les concepts que les petits détails.

Les premiers signes de fatigue et de démotivation surviennent généralement avec la rigueur de l’automne, autour du mois de novembre. Il s’agit de ne pas se laisser abattre, quitte à prendre quelques jours de repos. C’est également à cette époque que tu devras saisir tes pré-choix de filière. La fin des cours, peu avant le mois de décembre, marque le début de la redoutable période de révisions. Ces quelques semaines sont absolument décisives et il est primordial d’en tirer le maximum. Tes journées ne seront plus rythmées par les cours et tu seras livré à toi-même entre les guirlandes lumineuses, les papillotes pralinées, les aiguilles de sapin et l'irrépressible envie de passer la matinée au lit en pyjama à écouter Tino Rossi en bouffant des Pyrénéens. Le maître-mot pour survivre à cette période est ORGANISATION. Le planning de révisions sera ton meilleur ami. En effet, même si tu n’arrives pas à le suivre à la lettre, il te permettra de savoir où tu en es et ce qu’il te reste à faire. C’est aussi le moment de t’entraîner en faisant des séances annales régulières.

La première partie du concours a lieu mi-décembre et se déroule sur deux jours dans un charmant hangar du nord de l’Ile-de-France, à Villepinte plus précisément. Il est important d’aborder cette première épreuve dans les meilleures conditions: pas de folies la veille, ne travaille pas trop et dors bien! Le jour J, n’oublie pas ta convocation, ta carte étudiant et ton jus d’orange du matin. Si tu viens en transports en commun, prends tes dispositions et pars tôt. En effet, il n’est pas rare que le RER B nous réserve de mauvaises surprises (surtout si la neige s’invite à la fête).

Une fois dans le feu de l’action, l’objectif est de ne pas paniquer. Oui, il y a un millier d’autres candidats autour de toi. Oui, tu joues ta vie en quelques heures. Oui, t’as envie d’égorger ton voisin qui n’arrête pas de faire clic clic avec son stylo. Pourtant, il va falloir faire abstraction de tout ça et rester calme afin d’éviter de comprendre les énoncés de travers, de t’emmêler les pinceaux ou de décaler les cases, alors RESPIRE. Attention à bien gérer ton temps. Si tu bloques sur un QCM, passe au suivant. Il est préférable de commencer par les QCM faciles et rentables afin de gagner le plus de points possible avant de se concentrer sur les questions plus compliquées ou qui demandent davantage de temps. On te conseille de cocher tes réponses sur la grille informatique au fur et à mesure, ce serait con de rater ton concours par manque de temps pour tout reporter. La notation étant positive, ne laisse aucune case vide au moment de rendre ta copie. Pendant les pauses, essaye d’éviter de ressasser les épreuves passées et concentre-toi sur les suivantes.

Profiter au maximum des vacances post-S1 est plus qu’un droit, c’est un devoir. Eclate-toi comme jamais, vois tes amis, vis, repose-toi et surtout, INTERDICTION DE TRAVAILLER!

chapitre 2 - second semestre 

Autant le premier semestre est court, intense et sélectionne sur les capacités d’adaptation du candidat, autant le second est long, éreintant et met l’endurance et la motivation de ce dernier à rude épreuve. 

La période qui sépare la reprise des cours et l’annonce des résultats partiels est assez difficile psychologiquement car il faut laisser de côté le ressenti souvent erroné de la performance qu’on a fourni pendant le concours et recommencer à travailler comme si de rien était, à l’aveugle. Il est également difficile de repartir sur les chapeaux de roues alors qu’on est pas encore remis du premier semestre et de laisser tout ce qu’on a eu tant de mal à apprendre et à maîtriser derrière soi pour aborder de nouvelles notions. Pourtant, il est essentiel de se remettre à bosser comme au premier jour pour ne pas avoir de regrets à l’annonce des résultats. Tout peut arriver. Les surprises sont légion, nombreux sont ceux qui se retrouvent classés alors qu’ils pensaient finir 500e (et inversement). Or, la vitesse à laquelle s’accumule le retard ne diminue pas au second semestre. En conclusion, fais abstraction de tes pressentiments et de tes rêves bizarres mettant en scène le jour des résultats dans cinquante scénarios différents et TRAVAILLE! Par ailleurs, dis-toi que l’enthousiasme et la motivation reviendront vite avec l’arrivée de nouvelles disciplines comme l’anatomie par exemple. Le second semestre est consacré à cinq UE:

• La seconde partie de l’UE3, constituée uniquement de biophysique mais dont le fonctionnement est somme toute assez semblable à celui du premier semestre. Il s’agit donc de comprendre les concepts et de s’entraîner régulièrement sur les annales et les ED.

  
  
• L’UE4, consacrée aux mathématiques et notamment aux statistiques et probabilités est l’une des plus redoutées malgré son coefficient relativement faible. Il est très important de garder la tête froide et de s’entraîner très régulièrement pour assimiler les méthodes à appliquer et acquérir les bons automatismes.
  
  
• L’UE5 est dédiée à l’anatomie, matière particulièrement plébiscitée par les étudiants. Le plus difficile est de visualiser et de retenir des structures, des agencements dans l’espace alors qu’on est davantage habitués à ingurgiter des données sous forme de texte. On dit souvent qu’il faut apprendre son anat 7 fois pour la connaître. Par coeur et acharnement seront donc tes alliés. N’hésite pas à t’appuyer sur des livres, notamment ceux conseillés par le prof (la bibliothèque universitaire est ton amie).
  
  
• L’UE6, initiation à la connaissance du médicament, regroupe des notions très variées, de la pharmacologie à la législation en passant par l’histoire. Cette discipline fait à nouveau beaucoup appel au par coeur même si une bonne réflexion est essentielle à la compréhension de certaines notions (pharmacocinétique par exemple).
  
  
• L’UE7 au second semestre est consacrée à la Santé Publique et à l’Histoire de la Médecine. La différence majeure avec le premier semestre concerne le type d’épreuve puisque celle-ci est rédactionnelle. En conséquence, la méthode de travail à appliquer change radicalement puisqu’il ne s’agit plus de déterminer si une affirmation est vraie ou fausse mais de recracher son cours sur une page blanche. Par ailleurs, la partie du programme balayé par un sujet d’épreuve rédactionnelle est bien plus restreinte que dans les cas des QCM. En clair, il te faudra tout apprendre par coeur chaque plan, mot-clé, idée-clé, et ne pas faire d’impasse.

  
  
• L’UE8 est composée d’un tronc commun (génétique, biologie moléculaire, éthique...) ainsi que d’un module spécifique correspondant à la spécialité choisie. En général, encore beaucoup de par coeur même si certaines notions requièrent une bonne compréhension du sujet (exemple: génétique du tronc commun ou physiologie de l’UE8 médecine).

Le jour des résultats est un tournant décisif dans le semestre. Un seul et unique classement sera affiché devant le R600. A partir de là, plusieurs cas de figure:

Tu es bien classé: félicitations! Tu peux aller te payer un petit brownie et un Schweppes agrumes à la cafet en guise de coupe de champagne avant de retourner à la BU. Etre classé, c’est bien, mais cela ne signifie en aucun cas qu’on a l’autorisation de se reposer sur ses lauriers. Cela veut simplement dire que ton investissement a payé, que ta méthode de travail fonctionne et que tu as intérêt à te donner au moins autant qu’au premier semestre sans relâcher le rythme car des centaines de candidats veulent ta place et n’hésiteront pas à redoubler d’efforts pour te la prendre. Tu risques donc de souffrir du syndrome du classé dont le symptôme principal est la peur du déclassement. Cela va te mettre la pression mais au final, ce n’est pas un mal. (... Encore félicitations, quand même!)

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Tu n’es pas loin du classement: dis-toi que rien n’es joué et que tu as tout un semestre pour te refaire, semestre partiellement consacré à des matières inédites dans lesquelles tout le monde repart de zéro. Essaye de déterminer ce qui t’as empêché d’exceller au S1 (méthode de travail, temps consacré au travail personnel, manque d’évaluation, etc) et d’y remédier rapidement. 

  
  
• Tu es très loin du classement et tu veux redoubler: ce n’est pas parce qu’il est techniquement impossible que tu obtiennes ton concours cette année qu’il faut te relâcher complètement. L’ampleur du fameux «avantage du doublant» dépend beaucoup des efforts fournis pendant la première PACES. Profite des prochains mois pour prendre des beaux cours, faire des fiches propres, comprendre le maximum de notions... bref, t’avancer au mieux. Ton toi du futur te remerciera.
  
  
• Tu es très loin du classement et/ou tu veux te réorienter: il est possible de te diriger vers d’autres filières de l’université dès le début second semestre (cf la PACES en clair).


Après la publication des résultats, tu devras choisir définitivement la ou les concours que tu souhaites présenter (médecine/kiné, odontologie, sage-femme et/ou pharmacie). Tu peux tout à fait tenter les quatre spécialités mais sache qu’à chaque concours présenté correspond une épreuve spécifique et donc un nombre d’heures de travail conséquent. Attention donc à ne pas t’éparpiller. Si tu es primant et sûr de la voie dans laquelle tu souhaites t’engager, nous te conseillons de ne pas t'embarrasser de concours supplémentaires et de te concentrer sur ton objectif.

Les phases de démotivation et de baisse de régime ne sont pas rares au deuxième semestre. C’est pendant ces mois que la métaphore du marathon prend tout son sens. Il ne faut pas hésiter à s’accorder des périodes de répit et faire très attention à son hygiène de vie pour tenir jusqu’au bout. La période de révision du second semestre est également très longue, ce qui a des avantages et des inconvénients. Cela permet aux personnes qui ne sont pas à jour de rattraper leur retard mais cela augmente également les chances de pétage de câble et d’épuisement. Attention donc à ne pas partir en quatrième vitesse dès le début. La solitude prolongée du fait de l’absence d’occasions d’aller à la fac peut également être assez pesante. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à travailler à la BU ou chez des amis PACES, ça permet de partager ses angoisses, de s’aider sur les points compliqués du programme et de décompresser pendant les pauses.

La deuxième partie du concours se déroule mi-mai, sur deux ou trois jours selon le nombre d’UE spécifiques choisies, dans les même conditions que la première, à Villepinte donc. Les résultats quant à eux sont publiés fin juin/début juillet, en deux parties. Tout d’abord, quatre classements provisoires correspondant aux quatre concours sont affichés (à la fac et sur internet) avec trois décisions possibles: admis à continuer ce qui signifie que tu es reçu quoi qu’il arrive, liste d’attente ce qui veut dire que tu es susceptible d’être reçu selon, notamment, les désistements des personnes admises dans plusieurs spécialités différentes et refusé. S’en suit une phase de choix informatique où les candidats valident leur spécialité puis la publication du classement définitif.

La prochaine grande étape pour les reçus en médecine et dentaire est le stage infirmier. D’une durée d’un mois, il permet de se familiariser avec le monde de l’hôpital, ses acteurs et ses règles et d’apprendre quelques gestes infirmiers. Un amphi de choix de stage permettant de choisir son hôpital, son mois (août ou septembre) et ses horaires (jour/nuit) sera organisé peu après la publication des résultats définitifs. 

Une fois toutes ces étapes franchies, tu pourras enfin goûter aux joies de la filière que tu auras choisie (et aller au WEI!!).

Et oui, la route est longue mais le jeu en vaut la chandelle! Allez, bon courage!